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Mangeur d'hommes

Dans les contes pour enfant il y a souvent un chasseur : vêtu de vert, arbalète au poing il va tuer le loup ou bien encore assassiner la belle princesse pour le compte de son horrible belle mère…Mais dans le fond notre forestier se révèle toujours un brave type. Le chasseur de notre histoire est assez semblable, il se vêtit afin de se camoufler dans son environnement, son fusil de précision vaut bien une arbalète et il tue sur commande comme pour le plaisir…Mais il y a une différence fondamentale entre lui et le chasseur des contes, il n’est pas un brave type.

Au fil du temps l’espèce humaine a su se hisser au sommet de la chaîne alimentaire, pas la ruse, le développement technologique et la sélection naturelle. L’homme n’a plus qu’un seul rival, lui-même, il est devenu un loup pour l’homme…Et ce loup se cache au milieu du troupeau.

 

Dès qu’il fut sevré Robert Palehorse Whitelodge fut abandonné par ses parents, d’orphelinat en famille d’accueil il sut apprendre à ne compter que sur lui-même. Dès l’âge venu, il vit une opportunité de s’affranchir de la société en entrant dans l’armée ; il a donc appris le métier des armes et y a démontré un certain talent. Seulement il avait la conviction profonde que contrairement à ce que voulaient lui enseigner ses instructeurs il n’y avait qu’une seule règle d’or à la guerre : il n’y a pas de règles. Voilà pourquoi il a un jour déserté, disparu…

Robert Palehorse Whitelodge a erré longtemps avant de se trouver, c’est lorsque la tribu l’a accueilli qu’il est arrivé à l’illumination, il a trouvé la bête au fond de lui, l’a accepté et a évolué vers le stade suivant de la sélection génétique : il est devenu un mangeur d’hommes.

 

L’œil collé au viseur, la respiration lente et profonde ; il est couché sur le sol, tranquille. La crosse du fusil épouse parfaitement son épaule…A trois cents mètres il y a le pont, les casques bleus le gardent afin d’assurer le ravitaillement de la partie bosniaque de la ville. Le chasseur a été prudent, il est venu sous le couvert de la nuit afin de trouver une position de tir idéale ; depuis il attends sa proie. La cible s’avance, lourdement chargée ; la vieille femme est allée puiser de l’eau et récupérer des vivres au camion d’aide humanitaire. Il la laisse avancer, encore quelques mètres…Son dos voûté oscille dans le réticule de visée, le premier coup ne la tuera pas, c’est le jeu, il faut qu’ils essaient de l’aider, il faut qu’ils voient combien cela est inutile. Les soldats étrangers doivent comprendre qu’il ne leur reste qu’à rentrer chez eux, laisser les gens du cru régler ce problème entre eux. Le premier coup de feu retentit, la femme s’écroule, elle gesticule au sol, les casque bleus se réfugient derrière leur blindé.

Distance six cents mètres, cible partiellement découverte : l’immeuble du bout de la rue…Un choix logique. Pour un coup au but il va falloir attendre qu’il bouge, Robert attend…Deuxième coup de feu, la vieille bosniaque est morte ; il attend que les caques bleus se replient…Logique encore une fois, l’ABC du sniper…

Vingt minutes plus tard, distance six cent mètres, léger vent d’ouest ; Robert ajuste une dernière fois le compensateur de chute de la balle et épaule, il bloque sa respiration et bande ses muscles avant de recevoir le recul monstrueux du fusil Barett. Moins d’une seconde plus tard, le sniper Serbe vient d’apprendre qu’il n’a pas été assez prudent, il s’est montré prévisible et sa négligence viens de le tuer sous la forme d’une balle de calibre 50 qui si elle a bien visée son cœur a fait exploser une grande partie de sa cage thoracique.

Page vue 844 fois, créée le 05.09.2007 22h02 par guinch et modifiée le 11.06.2008 03h43 par guinch (#2)
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