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Geste d'Ydrin, Chant Premier

Jadis Edenar du Royaume de l’Est avait conquit les terres d’un seigneur rival appelé Drewen le Roux, ces terres jouxtaient la mer à l’Ouest et avaient moult landes et bois où chasser comme vouloir. Edenar aurai pu il y a longtemps conquérir ces terres mais ce qui l’avait décidé était le refus de Drewen de lui accorder la main de sa fille, la belle Ulinor aux cheveux dorés. Ainsi quand il eu achevé de mettre à bas tous les défenseurs du royaume, Edenar ne se contenta pas de faire de Drewen son vassal et lui demander rançon, non il le jeta hors de son château et plaça un de ses chevaliers à la tête de ses terres.

Par une belle journée d’été, le roi Edenar chevauchait avec quelques compagnons vers une forêt où il chasserai pour se distraire, c’était un endroit magnifique au pied d’une montagne. La matinée fut fort décevante et les bois s’avérèrent plus qu’inhospitaliers aux chevaux des seigneurs, une tente fut dressée pour le déjeuner dans une clairière et chacun se plaint de ce qu’il ne semblait pas y avoir de gibier ici-bas. C’est durant ce repas qu’une étrange femme vint devant la table d’Edenar et lui tînt ce discours.

 

« Seigneur tu es puissant et habile plus que ne le sont tes guerriers qui pourtant sont admirables, grâce à eux tu as conquis beaucoup de terres et étendu le droit des hommes toujours plus loin. Les puissances te sont acquises et crois moi si tu le veux mais elles te récompenseront d’une prise comme nul roi ou empereur n’en a jamais connu. »

 

Edenar fut flatté et piqué de curiosité, se faisant resservir du vin il questionna la vieille sur ce don des cieux, elle continua alors son récit d’une façon si précise que chacun se tût pour l’écouter.

 

« Il y a dans ces bois un cerf tel que nul homme ne saurai le capturer mais tu n’es pas de ceux-là, toi seul peux venir à bout de la bête et chacun dans tes terres et même dans les royaumes avoisinants n’en concevra que plus de respect pour ta force. A la fin de l’après midi tu montera ton meilleur destrier et ira seul vers le pied des montagnes, tu croisera alors la route de la bête mais garde toi bien de la nuit car si tu n’en viens pas à bout d’ici-là alors les esprits de la forêt te joueront bien des tours. »

 

Edenar, homme dans la force de l’âge et preux chevalier n’était pas de ceux qui se détournent du défi surtout quand il peut apporter gloire et honneurs ; il fit donner quelques pièces à la vieille et continua à festoyer en attendant le moment prédit.

Il prit alors de bons javelots et monta son palefroi de guerre, galopant il s’enfonça dans la forêt ; il s’arrêtait parfois et épiait les bruits de la nature mais nul autre son que celui du vent dans les branches ne venait caresser ses oreilles, l’après midi avançait quand enfin au bout d’un sentier il aperçut la bête. Toute fatigue s’effaça alors de lui comme par magie car l’animal était bien tel que le lui avait dit la vieille, un magnifique Cerf presque aussi robuste qu’un bœuf et aux bois longs et majestueux, son pelage était doré et son regard fier. Edenar prit un de ses javelots et y concentra toute l’adresse et la force qu’il put trouver, mais rien n’y fit et la bête s’enfuit dans les profondeurs des bois, Edenar fort mécontent poursuivit la bête à bride abattue mais tout bon cavalier qu’il fut les branches se jetaient sur son passage et les racines enserraient traîtreusement les sabots de son cheval. Au bout d’un moment Edenar fut jeté au bas de sa selle, javelot toujours en main. Il reprit ses esprits alors que le sang maculait son visage, là bas derrière un arbre la forme brillante de son ennemi le narguait, il fit le mort et laissa approcher une peu la créature ; puis au dernier moment il bondit sur ses pieds et décocha un trait mortel vers la bête. Cette dernière s’effondra sous le coup et Edenar jubila, mais sa victoire fut de courte durée quand il s’aperçut que son destrier avait quitté les lieux, les usages de la chasse étant différents de ceux de la guerre auxquels était habituée la pauvre bête. Ainsi Edenar se retrouvait seul au fond des bois avec sa magnifique prise fort lourde à traîner et le soleil qui déclinait derrière les montagnes, la fatigue de sa blessure aidant il allait céder au désespoir quand au loin il aperçut de la fumée. Il se mit en route et au bout d’un fastidieux et pénible chemin arriva devant une clairière abritant une chaumière fort honnête, il alla frapper à la porte et y demanda l’hospitalité aux gens bien misérables qui y vivaient. Mais il ne savait pas qu’il frappait alors à la porte de son ennemi Drewen le Roux qui en exil avait trouvé refuge dans ce petit domaine de chasse, lui et sa fille manquaient de tout si ce n’est ce que leur garde chasse avait engrangé pour l’hiver. Edenar était si las et son ennemi si méconnaissable qu’il ne le prit pas pour ce qu’il était mais pour ce dont il avait l’air, Drewen lui se garda bien de dire quoi que ce soit tant il sentait venir sa vengeance.

S’il n’y avait pas grand-chose d’autre, la chaumine disposait d’une cave honorable et la bête capturée par Edenar aurai nourri tout un village, aussi l’assemblée ne fut pas si triste que prévue. Drewen fit parler son hôte qu’il savait intarissable au sujet de ses exploits, sa fille Ulinor lui servit plus d’une coupe et alors que la soirée tirait vers sa fin Drewen laissa son invité pour aller chercher plus de vin. Drewen connaissait de par une de ses tantes sorcière les secrets des plantes, il broya quelques herbes dans la jarre de vin et fit venir sa fille.

 

« Mon enfant tu ne l’a pas reconnu mais ce chevalier assis à notre table est le cruel Edenar du Royaume de l’Est, va et sers lui de ce breuvage car il est à notre mercie. »

 

Ulinor était une femme pleine de vertus et quoi qu’Edenar leur ait causé du tort ne désirai pas l’empoisonner ; cependant si elle ne le faisait pas son père trouverai bien un autre stratagème pour lui nuire aussi prit elle la jarre et retourna auprès du chevalier.

 

« Seigneur la nuit avance et tu es rompu de fatigue, peut-être ferai tu mieux d’aller te reposer. »

 

Edenar tout fatigué qu’il fut n’en était pas moins homme et qui plus est homme aviné, aussi répondit il en ces termes habiles.

 

« Belle enfant la nuit est froide et un peu plus de vin ne me réchaufferai le sang, à moins que tu consentes à me mener jusqu’à ma couche. »

 

Ulinor était acculée et tenta de distraire le chevalier du mieux qu’elle pu.

 

« Il y a sur ta couche une bonne couverture en laine qui te tiendra chaud, quand à moi je ne suis pas digne des attentions d’un seigneur aussi puissant que toi Edenar du Royaume de l’Est. »

 

Edenar finit son verre et se laissa alors aller aux faiblesses que l’alcool révèle chez l’homme.

 

« Hélas belle amie je suis maudit quand aux femmes de cette terre, toutes celles que j’aime semblent devoir se détourner de moi…Seul le vin semble m’être un ami fidèle. »

 

Alors qu’il allait pour se resservir d’une main peu assurée, Ulinor la détourna et tenta encore une fois d’occuper son esprit troublé.

 

« Mais ces femmes les aimes tu comme un homme aime après un bon repas ou bien les aime tu d’amour chevalier ? Sois honnête et répond moi. »

 

Edenar soupira lourdement et ses yeux se perdirent dans la nuit au dehors.

 

« Je ne sais car le vin me trouble assurément, mais s’il en est une que j’ai aimé d’amour et bien c’est Ulinor aux cheveux blonds, c’est d’ailleurs à cause d’elle que de nombreux chevaliers ont souffert et trouvé la mort dans ces terres. Cet amour belle amie je sais bien que je ne m’en remettrai jamais tout puissant que je sois et quels que soient les royaumes que je conquiers.»

 

Ulinor cacha son trouble à ces mots, touchée elle ne pu se résigner à mener Edenar à sa mort et prit son visage entre ses mains pour capter son regard.

 

« Tu as été bien sot seigneur mais si tu veux retrouver cette dame alors fais comme je te l’ordonne : prends cette jarre et va la vider au dehors en jurant sur ton honneur que c’est ainsi que tu te conduira avec le vin dans l’avenir, puis pour sceller ce pacte avec les puissances sonne trois fois de ton cor de chasse et va te coucher. Si ton vœu est pur alors les puissances t’enverront cette nuit un signe. »

 

Edenar fut prompt à croire la servante tant son regard et sa voix étaient clairs, il s’empara à deux mains de la jarre et ouvrit la porte de la chaumière d’un coup de pied puis arrivant devant la maison il leva le récipient vers le ciel.

 

« Par ma foi ce breuvage ne m’a jamais apporté que des ennuis comme cette journée maudite, et bien c’est la toute dernière fois qu’il me jouera des tours! »

 

Sur ce il précipita la jarre au sol avec fureur et s’empara de son épée pour la faire briller à la lueur des étoiles, geste symbolique scellant son engagement avec les puissances. Mais depuis la chaumière Drewen assistait avec terreur à ce spectacle, il croyait bien que son ennemi l’avait percé à jour et qu’il allait sans tarder user de son épée pour l’occire, ors bien qu’aviné Edenar était le plus redoutable de tous les chevaliers des royaumes connus de l’homme. Drewen s’enfuit donc dans la nuit sans demander son reste avec espoir de joindre la côte où un navire de pécheurs pourrai l’emmener vers les îles où régnait un de ses cousins.

Edenar retourna à l’intérieur et se débarrassa de son ceinturon, ses chausses et sa culotte avant de glisser rapidement sous le drap et la couverture de laine promise ; pendant ce temps Ulinor s’était aperçue de la fuite de son père et ferma la chaumière de façon à ce qu’il ne puisse se reprendre et revenir accomplir son funeste dessin. Ensuite elle se lava et se peigna de façon à ressembler le plus à celle qu’elle avait pu être par le passé, mais le simple fait d’enlever le foulard noué autour de ses beaux cheveux blonds eu suffit à faire disparaître tout doute. C’est ainsi que seulement vêtue d’une chemise de nuit elle apparut à Edenar dans un rayon de lune, et lorsqu’elle le rejoint dans la couche il dessaoula comme sous l’effet du plus puissant des filtres. C’est ainsi qu’ils passèrent la nuit à se livrer aux jeux des amants, au dehors Drewen le Roux s’enfuyait dans la nuit en ruminant sa vengeance et les gens d’Edenar battaient la forêt avec des torches, guidés par les trois sonneries de son cor de chasse.

Au matin les gens d’Edenar frappèrent à la porte de la chaumière et ne furent pas peu surpris de voir leur seigneur l’air furibond venir ouvrir la lourde porte de bois, tous s’enquirent de sa santé et de l’étrange aventure qui l’avait mené ici. Mais Edenar ne souffla mot à ce sujet et s’en retourna à l’intérieur de la chaumière en donnant des ordres pour que tous soient prêts à son retour.

La lumière du matin avait chassé les ombres de la nuit et la clarté de l’eau en avait fait de même avec les illusions du vin, Edenar s’était assis sur le lit avec une patience lui étant d’ordinaire inconnue et attendit que sa belle se réveille pour qu’elle lui contât les évènements de la veille sous un autre jour. C’est affolée qu’Ulinor confessa son cœur à son amant.

 

« Nous sommes fous tous deux car si nous avions touché une telle grâce plus tôt alors bien des tourments auraient été évités à nos gens, mais en vérité Edenar du Royaume de l’Est tu ne ramènera pas de cette chasse le prix qui fera la jalousie de tous les autres hommes. Mon père que tu as vu hier déguisé en paysan s’en est allé vers la côté d’où il fera voile vers le royaume de son cousin le Géant des Iles, si je ne le rejoins pas alors il te livrera à toi et à tes gens une guerre telle que cette terre n’en a jamais connu ; le Géant des Iles est un grand seigneur et ses armées sont très puissantes, habituellement il ne s’en va pas en guerre contre le peuple des hommes mais si une de ses parentes est ta prisonnière il se lancera au travers des flots comme l’orage furieux. »

 

Edenar écouta et acquiesça avec calme.

 

« Mon âme vous dites vrai et je ne vous retiendrai pas, mais attendez au moins jusqu’à ce midi que nous puissions rejoindre notre château de Dwyrmilin, là je ferai affréter un navire digne de votre rang, vous serez parée comme une reine et une suite vous accompagnera avec des présents afin que le Géant des Iles sache que nous ne sommes points ses ennemis. Je vous en prie, parlez à votre père pour moi et confessez lui mon aveuglement. Je ferai amende honorable et lui rendrai ce qui lui reviens de droit s’il consent à m’accorder votre main. »

 

Ainsi parla Edenar du Royaume de l’Est et ainsi il en fut, on mena en grande pompe la princesse Ulinor jusqu’à son ancien fief de Dwyrmilin. On y tînt un banquet d’adieu grandiose où le cerf chassé la veille fit merveille, Edenar se refusa à boire quelque vin que ce soit et les puissances firent grâce aux hommes d’un soleil radieux. Puis vînt le temps des adieux et des promesses, Edenar renouvela son serment de ne plus céder aux bas instincts des hommes, de ne boire que l’eau qui tomberai du ciel ou jaillirai du sein de la terre, et d’attendre aussi longtemps qu’il le faudrait le retour d’Ulinor aux cheveux d’or. Le bateau fin comme un oiseau fendit les flots vers le large et les îles des géants.

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